vendredi 29 mai 2015

Vesoul : un boulanger incarcéré

Des violences et des dégradations commises mardi à Magny-Vernois (70), suivies d’une course-poursuite à tombeau ouvert entre Lure et Héricourt, ont conduit un boulanger de Belfort devant la justice ce jeudi. Jugé en comparution immédiate à Vesoul à l’issue de sa garde à vue, Jean-Christophe Migne a été condamné à deux ans de prison dont 10 mois ferme, avec mandat de dépôt. Il a été incarcéré à la maison d’arrêt de Vesoul.
L’homme, âgé de 51 ans, traîne un lourd passé judiciaire derrière lui. En octobre 2011, il a été condamné par la cour d’assises des Alpes-Maritimes à huit de prison pour tentative d’assassinat sur son ex-femme. L‘affaire remontait à janvier 2009.
Les faits qui l’ont amené à comparaître cette semaine devant un tribunal correctionnel se déroulent aussi sur fond de séparation difficile. Il y a près de deux semaines, la compagne du quinquagénaire lui annonçait qu’elle voulait mettre fin à leur relation tumultueuse de quinze mois. Ce mardi après le travail, vers 14 h 30, Jean-Christophe Migne s’est rendu chez elle à Magny-Vernois, près de Lure. En son absence, il s’est introduit à son domicile et a consulté son ordinateur. Il aurait alors découvert sur son compte Facebook que son ex-compagne avait une aventure avec un autre homme. « J’ai vu rouge », commente-il.
Le boulanger va alors acheter de l’alcool et revient chez son ex, en prenant soin de dissimuler sa voiture pour qu’elle ne se doute pas de sa présence. En l’attendant, il boit et saccage son logement. Frigo, meubles, verres, vaisselle… Tout y passe. Quand la victime ouvre la porte de chez elle, Jean-Christophe Migne l’attrape violemment par le bras. « Il voulait me tuer, il m’a dit qu’il ne me louperait pas », accuse-t-elle à la barre. Celle-ci se débat, tombe en arrière et se blesse au coccyx. Elle s’enfuit dans la rue et se réfugie chez des voisins.

« On ne pourra pas tout excuser parce qu’il fait de bons croissants »

Le quinquagénaire, lui, n’attend pas les gendarmes. Il prend la route mais tombe sur un contrôle routier à Lure. Il refuse de s’arrêter et engage une course-poursuite dans les rues du centre-ville, à 100 km/h en plein après-midi. « Les voitures devaient se pousser pour le laisser passer », témoigne un gendarme. Sur la 2x2 voies jusqu’à Héricourt, le compteur grimpe à 180 km/h. L’automobiliste se range finalement dans Héricourt et se laisse interpeller, avec 1,26 g/l d’alcool dans le sang.
Devant les juges, Jean-Christophe Migne se défend d’avoir été violent envers son ex. « Je l’ai prise par le bras, elle est tombée, c’était involontaire de ma part », soutient-il, mettant ses débordements sur le dos de l’alcool. L’avait-il déjà menacée par le passé ? « Oui, je l’ai toujours menacée pour qu’elle revienne, et elle est toujours revenue vers moi », reconnaît-il.
La procureure de la République, Anna Lahaye, a requis 18 mois de prison dont six avec sursis et mise à l’épreuve à l’encontre du prévenu. « Sa personnalité n’est pas rassurante », estime-t-elle. « Il est capable de péter un câble au point de devenir extrêmement dangereux. Il n’a pas tiré les conséquences de sa condamnation devant les assises. Aujourd’hui, on ne pourra pas tout excuser parce qu’il fait de bons croissants. »
Du côté de la défense, Me Jean-Charles Darey demande au tribunal de ne pas « imaginer ce qui aurait pu arriver » si son client avait réussi à attirer la victime dans l’appartement, mais de le juger « sur ce qu’il a commis ». « Il ne l’a pas rouée de coups à terre, il l’a empoignée fermement par le bras », à l’issue d’une « relation toxique » dans laquelle il s’est senti « trahi ». L’avocat a tenté d’obtenir le placement sous bracelet électronique du boulanger, afin de ne pas mettre son commerce en péril. « Je veux bien payer, mais pas tout perdre », a confirmé l’intéressé.
En vain : la « nature des faits » et les « antécédents » du prévenu ont décidé le tribunal à opter pour la prison, a expliqué le président Fernand Kato. Le permis de conduire du quinquagénaire a aussi été annulé.*
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-vesoul-haute-saone/2015/05/29/violences-un-boulanger-incarcere

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